http://blogs.myglobalbordeaux.com/zik-blog-wizzz/2014/02/22/zedvan-savoureuses-chansons-zebrees/
Zedvan : savoureuses chansons zébrées
Instant sacré…
Ribambelle de guitares sur la scène du Rocher de Palmer. Le silence juste avant la première chanson. Zedvan rejoint ses musiciens(1), pieds nus, costume clair et chemise rayée. Respirer, inspirer, se concentrer sur l’instant. Premiers accords, premiers mots “qu’il veut bien qu’ils s’envolent”… et la magie du moment sacré opère.“Jamais je ne me sens aussi vivant et présent qu’à ces moments-là. C’est à la fois mystérieux et très simple… Quand tu es sur scène, tu es à fond dans ce que tu donnes. Tu as joué cette chanson 100.000 fois, et pourtant ce n’est jamais exactement la même chose. Il y a des automatismes mais pas de lassitude… C’est ton énergie du moment qui te porte entièrement.”
… et sacré animal !
Belge andalou
Zed Van Traumat
Dans mon souvenir – première partie de Bertrand Belin en 2007, déjà !
– voltiges de mots et humour aux crocs, griffes et/ou cornes acérées.
Et c’est vrai qu’avant d’entrer en scène, Zedvan tient plus du fauve en
cage que du paisible herbivore à rayures. Mais ce qui le caractérise
depuis le début, c’est “cette part d’animalité puissante” comme
il le dit lui-même (comme dans la chanson “Carnivores” du précédent
album “Belge Andalou”, avec un Zed qui fait le taureau en couverture).Zed Van Traumat
Pourquoi “la Zébritude” alors ? (question incontournable Number 1) “Le titre de l’album est arrivé tardivement, comme la chanson, construite autour du mot « zébritude », lâché par une amie. C’est ce sentiment d’étrangeté au monde qui fait le lien entre les chansons.” Chic et sauvage, (“trop chic pour la nature et qui n’a rien a faire dans la civilisation”) pas toujours en phase avec son environnement… Est-ce bien surprenant quand se retrouve soudain en pleine jungle urbaine cet amoureux de la nature, heureux habitant d’un petit village charentais “assez retiré” qui aime aussi le silence et la liberté ?
Tous les chemins mènent à la chanson
C’est grâce à l’association “Bordeaux Chanson” que j’ai découvert Zedvan (Zed Van Traumat à l’époque) et c’est grâce à des auteurs-compositeurs-interprètes découverts sur scène comme lui, comme Presque Oui ou Albin de la Simone que j’ai redécouvert le plaisir de l’équilibre réjouissant paroles/musique. Et un jour, grâce à eux, j’assumerai peut-être complètement mon amour des mots, qui sait ? Comme une majorité d’amateurs de musique, c’est le plus souvent la mélodie, le rythme qui venaient d’abord me chatouiller l’oreille, et les paroles (en anglais la plupart du temps) ont longtemps été secondaires. J’ai pu pensé, c’est vrai, je l’avoue, dans un moment de faiblesse : “chanson française = texte parfois indigeste sur son lit de musique minimaliste”. Et bien non, mesdames et messieurs, la chanson d’écoute, c’est beaucoup, mais alors beaucoup plus délicieux que ça !Zedvan le dit lui-même : “J’ai été biberonné à la chanson à texte. Je trouve le texte prépondérant, l’objectif c’est de raconter une histoire… mais sans la musique, une chanson n’a pas de raison d’être.”
Le B-A BA de l’inspiration
Lorsque je lui pose la question bateau (number 2 ) des influences et de la création, il cite Boris Vian, Brassens, les Beatles… et puis Bashung et Brigitte Fontaine : que du Bon et du Beau qui fait du Bien . “Une chanson, c’est vivant à l’intérieur, comme plein de petits noyaux d’autres chansons régurgitées. On invente très peu en fait : on remalaxe des matériaux reçus… un auteur-compositeur a son éclairage propre, mais il est guidé par des tas de références. Il s’inscrit dans un courant qui date d’Homère , de la poésie du moyen-âge… qui va de Gilgamesh à Björk en passant par Brigitte Fontaine et Bach.” (trouvez l’intrus) Me risquai-je à passer de « B » à « C » ? Moi, Zedvan, il me fait penser à Camille, avec son énergie de l’enfant intérieur, celle qui donne envie de sauter sur son lit et d’entamer une bataille de polochons souveraine : “Camille ?… J’adore ce côté éruptif de sa voix ! Cette voix qui monte du sol… Elle est ancrée dans son corps et puis elle explose comme un geyser, c’est très vivant !”L’ataraxie de la zébritude
“paf !”
Ce sur quoi Christophe (Limousin, le nouveau guitariste du groupe) enchaîne : “J’aime bien son style. Il sonne pas comme quelque chose de fabriqué, d’inaccessible. Didier (Ottaviani, le batteur) me racontait que quand il met le CD dans la voiture, ses filles de 4 et 6 ans reprennent souvent le texte en chœur… comme s’il y avait plusieurs niveaux de lecture. C’est ça, en fait : les chansons de Zedvan, il y a plein de choses cachées à l’intérieur.”
… C’est sans doute pour ce délicieux mélange des genres, des saveurs et des émotions que “La Zébritude” fait partie de mes grands préférés de 2013 (et pas seulement pour justifier la catégorie « animaux » ). Et c’est pour ça que ce n’était pas facile de faire rentrer le Zèbre dans les limites d’un article ! Pour ceux d’entre vous qui souhaitent continuer cette promenade de découverte au fil des chansons d’un artiste sincère et attachant, rendez-vous sur un site où il compte des fidèles : celui de l’association Bordeaux Chanson qui l’a programmé en juin dernier lors du festival “Le Haillan Chanté”. En attendant, bonne écoute, les WizzZ-gourmets : régalez-vous !
(1) Christophe Limousin aux guitares, Nicolas Domenech aux basses et Didier Ottaviani aux percussions et batterie
(2) Hétérodoxe : qui soutient des opinions contraires à l’orthodoxie religieuse ou qui s’écarte des opinions, des idées habituellement reçues (Larousse)
Ataraxie : quiétude absolue de l’âme, idéal du sage, selon l’épicurisme et le stoïcisme (Larousse)
© Crédits photos : Manu Pallman